Frappés de plein fouet par le cyclone Cheneso. Cinq Districts sur les 6 composant la Région de Boeny ont été touchés par le passage de cette tempête tropicale, en janvier dernier. Près de 2 mois après le passage cyclonique, les habitants commencent à se relever petit à petit, contrairement aux infrastructures endommagées, notamment les salles de classe. Les réponses d’urgence apportées par les partenaires, dont l’UNICEF, contribuent au redressement.
Seul le District de Soalala a été épargné par le passage de Cheneso, si l’on tient compte des dégâts. Pour les autres Districts à savoir Mahajanga I et II ainsi que Marovoay, Ambato- Boeny et Mitsinjo, les lourds dégâts matériels impactent jusqu’à maintenant sur la vie quotidienne des habitants, notamment en termes d’infrastructures. A l’exemple de la circonscription scolaire (CISCO) de Marovoay, 16 établissements scolaires ont été complètement détruits. « 65% des établissements, constitués en majorité par des écoles primaires publiques (EPP), sont endommagés par le passage de Cheneso. Ces dégâts conséquents pourraient s’expliquer par la vétusté des infrastructures », informe Soalanto Joséphine Rasimbola Raivonirina, chef de ladite CISCO. Cette circonscription enregistre 185 EPP, 14 CEG et 4 lycées.
Face à cette situation, des élèves ont suivi les cours chez leurs enseignants depuis la reprise, en mi-février. Pour d’autres, les cours sont dispensés dans les salles de classe provisoires, installées dans l’enceinte de leurs établissements. Il s’agit des tarpaulins et des bâches remis par l’UNICEF pour accueillir les écoliers dont les salles de classe sont détruites suite au passage cyclonique. Le but étant de reprendre les cours le plus tôt possible, allégeant ainsi la perturbation de la scolarité. L’EPP de Tsimahajao fait partie des bénéficiaires de ces salles de classe provisoires à Marovoay. Deux tarpaulins servant de 4 salles de classe y sont installés depuis quelques semaines, au profit de centaines d’élèves. Toutefois, les élèves en classe de T1 et T2 sont encore scolarisés à mi-temps depuis Cheneso. Créé en 1965, ledit établissement recense 1085 élèves, dont 555 filles, d’après le directeur en la personne de Richard Rakotomalala.
88 établissements endommagés
Deux semaines de suspension des cours, voire plus. La plupart des établissements scolaires dans la Direction régionale de l’éducation nationale (DREN) de Boeny ont appliqué cette décision suite au passage du cyclone. Cette mesure a été prise notamment pour protéger les élèves de la montée des eaux, touchant bon nombre d’établissements, ou encore face à la destruction d’autres. De plus, des écoles ont servi d’abris provisoires pour les sinistrés, après que toutes les autres infrastructures ont été complètes. « Cheneso a endommagé 88 établissements scolaires. Certains sont décoiffés, d’autres ayant des murs effondrés ou sous les eaux », rapporte Angelo Rabemananjarahaja, DREN de Boeny. « En attendant la réhabilitation des infrastructures détruites, les tentes-écoles accueillent les élèves. Des kits scolaires et récréatifs ont également été distribués, au profit notamment des élèves en préscolaire et en primaire ainsi que des collégiens. Le but étant de les encourager à rester en classe et à se concentrer », ajoute le directeur régional de l’éducation.
Pour les établissements dans les zones reculées, voire isolées suite au passage cyclonique, les stocks de prépositionnement ont servi à la reprise des cours. Une partie d’entre les tentes-écoles et des kits a été envoyée au préalable auprès des CISCO. D’autres ont été acheminés par bateau, notamment pour les zones inaccessibles. Pour la CISCO d’Ambato -Boeny, le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC) a pu envoyer une centaine de tôles pour les établissements décoiffés. Depuis la reprise des cours, les établissements enchaînent les séances de rattrapage. Des écoliers reviennent en classe les mercredis après-midi et les samedis depuis quelques semaines. D’autres n’ont pas pris leur pause du 3è bimestre, à la première semaine de ce mois de mars. L’objectif étant de finir à temps le programme scolaire.
L’UNICEF à la rescousse !
Le passage du cyclone Cheneso a engendré de fortes inondations dans les parties Nord, Sud, Sud-est et Est de Madagascar. Au même moment, les droits fondamentaux de plusieurs milliers d’enfants sont compromis comme l’impossibilité d’aller à l’école, la perte des fournitures scolaires, le difficile accès aux soins les plus élémentaires, l’exposition à un risque élevé de malnutrition etc. L’UNICEF a été au front pour apporter les premières réponses afin de couvrir les besoins nécessaires dans les Régions fortement touchées. Boeny en fait partie, où plusieurs interventions d’urgence ont eu lieu suite à l’évaluation des dégâts. Les réponses d’urgence ont touché les secteurs de l’éducation, du WASH (eau, assainissement et hygiène ou EAH), de la santé et de la protection.
La dotation de tentes- écoles servant de salles de classe provisoires ainsi que de divers kits scolaires et des fournitures pour les enseignants constituent des réponses dans le secteur de l’éducation, d’après Jacky Roland Randimbiarison, spécialiste en urgences auprès de l’UNICEF Madagascar. Pour le secteur WASH, un millier de ménages ont été dotés de kits wash à Marovoay, contre 500 à Ambato- Boeny. Plus de 1000 ménages en ont aussi bénéficié à Mahajanga I, d’après André Tsiambakay, directeur régional de l’EAH de Boeny. Chaque kit se compose de paquets de « water maker » pour le traitement de l’eau, ainsi que de seau et de gobelet. La mise en place de citernes d’eau et de blocs sanitaires dans les sites d’hébergement figure aussi parmi les réponses d’urgence. A cela s’ajoute la désinfection de 39 puits à Marovoay et Ambato- Boeny.
Pour le secteur de la santé, l’UNICEF et partenaires ont distribué des moustiquaires et de médicaments dans les localités touchés par Cheneso, dont les Districts de Boeny. Les médicaments pédiatriques et consommables couvriront les soins de 20 000 personnes pendant 3 mois, d’après notre source au sein dudit organisme onusien. Quant au secteur de la protection, l’opérationnalisation du « Sahan’ny ankizy » a permis d’alléger les chocs émotionnels des enfants suite au passage cyclonique. Cet espace fournit un soutien psychosocial aux enfants et leurs familles au niveau du site d’hébergement. Des activités récréatives collectives, à savoir du foot, ballons prisonniers, jeux traditionnels, corde à sauter ou encore du coloriage, peinture et puzzle ont été au rendez-vous. Pour Mahajanga I, environ 600 enfants sinistrés en ont bénéficié pendant 3 jours.
Réalisé par Patricia Ramavonirina